*Serge Lutens interview: French/Portuguese and English versions
French Version interview
Monsieur Lutens, je voudrais tout d'abord vous remercier, ainsi que les Salons du Palais Royal Shiseido, pour m'avoir accordé cet entretien spécial avec le poète des parfums. Personnellement, en tant que fidèle admiratrice de votre travail, ce moment est unique pour moi et inoubliable dans mon parcours en tant que passionnée de parfums. Je vous suis profondément reconnaissante pour vos créations qui m'ont guidée dans le développement d'un regard artistique en parfumerie, en plus du réveil de la conscience olfactive et de la recherche d'une senteur qui réunisse l'art, le bon goût et l'exclusivité. Au nom de tout le Brésil, je saisis l'occasion pour vous dire que chez moi il y a aussi des nombreux fidèles passionnés par votre travail. Je me fais ici leur ambassadrice, pour ainsi fêter cet instant avec tous les autres amateurs des parfums Serge Lutens de par le monde. Bienvenu, M. Lutens.
Cris: Vous avez toujours eu un lien très étroit avec la beauté, avec l'esthétiquement beau. Votre parcours professionnel met en évidence la beauté de la Photographie, du Maquillage et du Hair style, de la Mode, de la Parfumerie et différents dialogues avec l'Art. Pourquoi vous êtes-vous décidé à vous dédier à la recherche du beau?
Serge Lutens: Il est beau pour moi, peut-être pour vous…Le « beau » est à la première personne. On peut se reconnaître à travers lui et à travers ceux avec qui l’on partage ces affinités. La notion de choix n’existe pas. En l’occurrence, elle naît d’un obligatoire que l’on ne peut déterminer. On pourrait dire aussi: qu’est-ce qui pourrait être fort, marqué, s’il n’était beau? Mais le beau, lui-même peut il déterminer? C’est sa lumière qui nous répond.
Cris: Qu'est-ce que la beauté pour Serge Lutens et comment se place votre parfumerie par rapport à ce concept?
Serge Lutens: Encore une fois, elle ne peut être déterminée horizontale et pourtant, elle est linéaire. Elle doit stimuler et me donner une réponse qui, elle-même engendrera une question. Je dirais que la beauté – si je peux la définir – ce serait le moment où l’on relève la tête. Elle détruit et reconstruit. Elle n’est pas stable ni immobile. La parfumerie est l’un des moyens d’expression qui pourrait être visuelle, littéraire, ou olfactive. En ce cas, elle participe du même principe, mais je suis incapable de la déterminer de façon absolue. La beauté est vivante, elle nous échappe, hormis dans l’instant.
Cris: Dans vos fragrances, il y a des moments de leur développement olfactif où le trouble, le burlesque, le tragique et le laid règnent au détriment du beau et d'autres caractéristiques perçues comme positives. C'est pourquoi certaines personnes ont de la peine à évaluer vos fragrances, car ces senteurs exigent une grande maturité et sensibilité olfactive – en plus de l'esthétique, bien au-delà du conventionnel. A mon avis, je crois que pour arriver au beau, surtout avec des parfums de niche, il faut par moments de la laideur. Souvent le beau se cache sous une écorce perçue par la société comme étant laide. C'est une façon de faire différente des parfums destinés à la consommation de masse. Vu sous cet angle, lequel de vos parfums cacherait le mieux le beau derrière des notes olfactives apparamment difficiles à gérer?
Serge Lutens: Il n’y a pas de beaux textes ni de poésies de Charles Baudelaire ou de Jean Genet, sans cruauté. C’est l’un des éléments absolus du ressort d’un texte. Ce qui peut donner la phrase, c’est l’accord de deux mots justes. Il ne faut pas confondre beau et joli ! Les cuisines les plus gustatives ne sont pas les plus sucrées, mais celles les plus étonnantes dans leurs complexités. Je n’aime pas revenir vers le passé, mais « Muscs Koublaï Khan » illustre bien cet exemple. Ce parfum si peau, si animal avec une note de départ très forte, se place ensuite en douceur absolue, confortablement, en note de fond sur la peau.
Cris: A partir des années 80, la parfumerie mondiale a été frappée par votre travail audacieux de parfumeur-créateur à la tête de Shiseido. Des parfums d'avant-garde comme Nombre Noir (1981) et Féminité du Bois (1992), dans un marché qui n'avait jamais connu ce genre de création, ont ouvert le chemin pour que l'on puisse envisager le parfum en tant qu'objet d'art. En les créant, quelles ont été les empreintes les plus étranges que vous avez voulu laisser pour le public de l'époque, en plus de la couleur noire (Nombre Noir) et du cèdre (Féminité du Bois), une note olfactive habituellement masculine?
Serge Lutens: Je ne pense jamais au public: je suis moi-même le public, des gens aimeront, d’autres non…Mon travail est une œuvre amoureuse, non une œuvre opportuniste! Pour « Féminité du Bois », ce n’est pas tant l’utilisation du cèdre, mais le fait d’accuser cette matière en la plaçant au centre du parfum (à plus de 60%) qui a été très regardé. Un vrai déséquilibre. Pour finir, l’aberration est la seule chose où je me sente bien! « Féminité du Bois » aurait dû accomplir un mouvement aussi important que le N°5 de Chanel. Il est surtout mythique chez les professionnels et les amateurs de parfums.
Cris: Avez-vous l'intention de relancer le légendaire Nombre Noir? C'est peut-être le rêve de tout Lutensien…
Serge Lutens: Personnellement, je n’ai pas ce souhait car en dehors de son packaging, ce parfum perd de son sens. C’était un discours. A contrario de « Féminité du Bois », ce parfum blanc ne valait que dans le noir. C’était là sa marque! Placé hors de ce contexte, le parfum ne serait rien contrairement à « Féminité du Bois » dont le jus est la révolution.
Cris: On peut affirmer que Féminité du Bois soit un parfum androgyne raffiné. En le sentant, nous avons l'impression qu'il y a là une vraie cassure dans la division des parfums par genre, bien que légèrement plus féminin. Cette rupture est très recherchée par la parfumerie de niche. Le parfum semble n'avoir pas de sexe. L'androgynie se limite à la fin de cette division entre parfums féminins et masculins, avec des senteurs distinctes des versions unisex du marché, ou peut-on dire que le parfum a connu un réel engagement social en faveur de la liberté sexuelle préconisée dans les années 90, la décénie de lancement du parfum?
Serge Lutens: Je pense que les produits (make-up, parfums…) la mode accompagnent une société qui pense évoluer ou régresser. J’ai traité le parfum comme tout ce que je croyais important, comme l’un des éléments éventuels de mes désaccords, pour le former en accord. Le parfum comme le fard, doit être plus ressenti, comme un élément pouvant porter nos options, et ainsi nous transporter. A titre personnel, je ne laisserai jamais à un parfum, la possibilité de déterminer mon sexe.
Cris: 20 ans se sont pratiquement déjà passés depuis les débuts de votre parfumerie, ce qui représente un temps d'évolution assez important. Considérant la parfumerie à cette époque et où elle se trouve aujourd'hui, quelle a été la plus grande contribution de Serge Lutens aux consommateurs de parfum en tant qu'objet de luxe, donc inaccessible pour la plupart du marché?
Serge Lutens: Le luxe tue tout : le projet, le cœur et l’impulse. Je hasarde, je me mets en accords avec mes désaccords et par cela même, je m’entends avec ceux qui s’y reconnaissent.
Cris: Il est naturel d'analyser dans votre oeuvre le dialogue avec différents champs de connaissance: les arts visuels, la littérature, la mythologie entre autres. En plus d'être un vrai studieux des arts, vous êtes un poète des parfums. Un des meilleurs exemples serait votre dernier-né, Serge Noire, qui reprend le mythe grec du Phoenix, dont la création a pris plus de 10 ans. En tant qu'auto-didacte, avez-vous une méthode d'étude pour la création des parfums? Comment vous organisez-vous afin d'effectuer un travail si plein de créativité, tout en restant un grand ami des arts, doué dans plusieurs autres domaines?
Serge Lutens: L’art est une conséquence. Il n’est pas un but. Je ne veux pas faire de l’art. Si c’est de l’art, tant mieux! Dans tous les domaines, j’ai voulu atteindre ce qui pouvait le mieux me répondre.
Cris: La plupart de vos créations de parfums sont le fruit d'un beau et loyal travail en duo avec un chimiste. Comment se passe dans la pratique ce travail où un artiste créé le concept et l'autre le traduit techniquement?
Serge Lutens: Nous travaillons avec Christopher dans le respect de nos rôles, de séances en séances. C’est de l’artisanat. Les mots, les ambiances sont très importants. Il y a beaucoup de « non », d’essais, de tentatives d’essences que je lui suggère, qui parfois, sont étonnantes. Il faut essayer. Le parfum est organique et nous sommes dans le terrain de l’instable, de l’impalpable. Tout cela reste vivant et joue des bons ou des mauvais tours. Néanmoins, je ne baisse pas la tête; la création reste obsessionnelle. « J’ai le dégoût très sûr ».
Cris: Dites-nous comment s'équilibrent les mérites de l'élaboration de vos parfums et comment se distribue le travail d'équipe? Racontez-nous comment cela se passe.
Serge Lutens: Je suis obligé pour cela de vous donner un exemple: un couturier crée une esquisse. Cette esquisse, on va en faire une toile, qui sera remodelée par le couturier, qui y appliquera ses épingles, ses ciseaux, interviendra sur les longueurs, les plongées, la construction, le choix d’un tissu. Cela fait de fois en fois, il y aura pour finir la présentation par la première du modèle, en l’occurrence, par ma narine cruelle! Pour le reste, je pense que nul n’aurait moins de valeur, ni moi-même, ni les personnes travaillant pour moi, que d’imaginer servir autre chose que le parfum ou l’esprit de ce parfum, comme je le fais moi-même.
Cris: Bien que Paris soit le berceau de la parfumerie ainsi que le siège des Salons du Palais Royal Shiseido, Serge Lutens est plus près du Maroc. Le Maroc est votre histoire, votre choix, votre inspiration, votre émotion et les influences de l'Orient se trouvent dans la plupart de vos parfums. Quelle essence marocaine peut-on considérer comme une métaphore de Serge Lutens et Les parfums Serge Lutens.
Serge Lutens: Le Maroc est à l’origine de mon goût des parfums. En effet, je ne les appréciais pas avant cela. Mon goût est après cela devenu visible et tactile tel que le bois, l’ambre, j’avais besoin de repères. Je les ai trouvés là-bas, mais choisir une essence, ce serait choisir le Maroc.
Cris: Dans notre entretien publié dans Lumière.com, vous commentez votre vision des femmes dans la Photographie, telles les "muses d'un peintre" et vous dites: "une fois l'image finie, cette femme n'existe plus pour moi". Sur ce thème, il existe des parfums extrêmement féminins dans votre portefeuille, tel "Un Lys" ou "Sa Majesté la Rose". Le premier a la délicatesse et la sensualité du lys et peut s'interpréter comme mi-humain, mi-divin, un parfum onirique créé pour des éternelles déesses. Le second exalte la beauté et la délicatesse de la rose et serait l'équivalent en fragrance du mythe grec de la Nymphe Chloris. A partir de cet aspect fort féminin de vos parfums, peut-on dire que pour vous "une fois le parfum fini, cette femme existe pour toujours?" Autrement dit, chez Lutens les images féminines sont éternelles comme les mythes et les déesses?
Serge Lutens: La question de la féminité d’un parfum ne se pose pas pour moi, comme un problème extérieur. Je dirais, et j’espère que vous pourrez le deviner, que ce féminin a été absorbé. Il est en moi, ce qui suppose que j’ai capté la féminité, et qu’elle est miroir. Elle me donne la réponse, elle doit sortir de moi. Elle ne m’inspire pas, je l’expire. Si je ne le faisais pas, elle me tuerait!
Cris: Globalement parlant en termes de parfums (de niche ou de consommation massive), quel serait le plus proche de votre idée de chef d'œuvre (en dehors du label Shiseido ou des parfums Serge Lutens)? Pourquoi?
Serge Lutens: « Serge Noire » mais j’ai une affection particulière pour ce parfum que j’ai extrêmement peaufiné (je suis attaché à ce verbe car il contient « peau » et « fin »). C’est un éther d’absolu ! Cependant, je ne pourrais jamais employer le terme de chef d’œuvre.
Cris: En tant que grand amatrice aussi de maquillage, j'ai retenu une citation de Shu Uemura, pour moi un des meilleurs maquilleurs au monde: "Make-up is one of the best ways to reveal a person's essence. An artistic colour palette enhances one's individual beauty and allows for unique makeup expressions." Pour la plupart des personnes le parfum est aussi un révélateur de l'essence de chaque un, de même que le maquillage. Le parfum peut révéler des expressions du "je" parfumé, le romantique, le sensuel…et beaucoup d'autres états d'esprit. C'est un point de vue. D'un autre côté, il me semble paradoxal que tous deux puissent révéler l'essence de l'être, puisqu'ils sont aussi des masques, des éléments de décoration superficielle et utilisés en tant qu'objets de désir superflus, objets de consommation répondant à une exigence esthétique ou de glamour. L'essence se perd la plupart du temps. C'est un autre point de vue.
L'amour pour le maquillage et pour le parfum est très proche de celui qui contemple la beauté dans les deux arts. Vous êtes vous-même un maître en maquillage et en parfum. Prenant en considération tout ce que je viens de dire ainsi que votre citation géniale "Nous sommes tous fragiles. Le parfum est une arme contre notre fragilité, notre timidité" (source : Plurielles.fr) , trouvez-vous que le parfum – et le maquillage sont utilisés comme des masques sociaux? Que l'essence de l'être ne sera jamais révélée par un parfum?
Serge Lutens: Si les fards et le parfum servent ou desservent une affirmation, ils peuvent masques ou de(s) masques. Ils peuvent démasquer ou masquer. Comme un parfum peut donner sens à un choix ou inversement. C’est l’expression personnelle de ce que nous sommes ou ce que nous imaginons être dans l’instant.
Cris: Pour conclure, M. Lutens, quelle est l'œuvre d'art qui définit le mieux Serge Lutens et ses parfums? Pourquoi est-elle la traduction de votre art en parfumerie? Vous avez le choix entre la peinture, la sculpture, la littérature, la photographie….Parlez-nous un peu de Serge Lutens et de son synonyme dans l'art.
Serge Lutens: Je n’ai pas de synonymes mais des impulsions qui répondent et dans lesquelles je peux me reconnaître. Cela peut-être un texte de Charles Baudelaire, Jean Genet, une sculpture de Michel Ange, mais celui qui me représente peut-être le plus, ou celui auquel j’aspire par le temps ou la rupture qu’il impose, c’est « Les demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso.
Cris: Monsieur Lutens, cela a été un plaisir de m'entretenir avec vous. Je me sens entre terre et ciel, une fleur onirique au paradis, humaine et déesse, je réalise aujourd'hui un rêve parfumé. J'ai choisi un lys pour cet entretien, fleur délicate et spontannée, qui fleurit proche des dieux de la parfumerie comme vous… Un Lys, une de mes essences préférées. Merci!
Je voudrais dire merci beaucoup aussi mon amie Alix Cooper pour m’ aider avec mon français. Alix Cooper, brésilienne de Rio de Janeiro habitant Genève depuis des lustres, prend parfois le TGV rien que pour rendre visite aux Salons du Palais Royal où elle se procure Ambre Sultan, Tubéreuse Criminelle, Encens et Lavande. Inutile de dire qu'elle en revient reine. Elle entre doucement en automne toute en Serge Noire, après un été plutôt Fleurs de Citronnier. Alix est orientale, mais peut aussi se chyprer ou se jasminer avec délice.
Portuguese Version interview
Monsieur Lutens, primeiramente gostaria de agradecer - lhe assim como a equipe do Les Salons du Palais Royal Shiseido por conceder-me esta entrevista especial com o poeta dos perfumes. Pessoalmente, eu sou uma fiel admiradora do seu trabalho e este é um momento único, surpreendentemente inesquecível na minha trajetória como amante de perfumes. Sou-lhe imensamente grata pelas suas criações as quais me orientaram a desenvolver um olhar artístico na perfumaria, além de despertar uma maior consciência olfativa e a busca pela fragrância que una arte, bom gosto e exclusividade e, acima de tudo, alinhe-se ao meu eu. Em nome do Brasil, aproveito também para dizer-lhe que há fiéis apaixonados pelo seu trabalho e de Christopher Sheldrake em meu país. Estar aqui nesta entrevista com você é uma forma de representá-los assim como celebrar o momento com tantos outros amantes da perfumaria de Serge Lutens em todo o mundo. Bem-vindo, Monsieur Lutens.
Cris: Você sempre teve uma relação muito forte com a beleza, com o esteticamente belo. Sua trajetória profissional evidencia a beleza da Fotografia, do Make-up e Hairstyle, da Moda, da Perfumaria e distintos diálogos com Arte. Por que decidiu dedicar-se a busca do belo?
Serge Lutens: O belo para mim pode ser o belo para você… O "belo" está na primeira pessoa. Podemos nos reconhecer através dele, assim como através de todos com quem dividimos essas afinidades. A noção da escolha não existe. Neste caso, ela nasce de uma obrigação indeterminável. Podemos também nos perguntar: o que poderia ser forte e marcante sem ser belo? Mas pode o belo determinar ele próprio? É a luz que nos dá a resposta.
Cris: O que é a beleza para Serge Lutens e qual é o ponto de intersecção deste conceito de beleza com a sua perfumaria?
Serge Lutens: Mais uma vez, ela não pode se determinar de modo horizontal, e, no entanto ela é linear. Ela deve ser estimulante e me dar uma resposta que, por sua vez, há de gerar uma pergunta. Eu diria que a beleza, caso eu possa defini-la seria o instante em que levantamos a cabeça. Ela pode destruir e re-construir. Ela não é nem estável nem imóvel. A perfumaria é um dos meios de expressão que poderia ser visual, literário ou olfativo. Neste caso, ela participa do mesmo princípio, mas eu seria incapaz de determiná-lo de uma forma absoluta. A beleza é viva, ela nos escapa fora deste exato instante.
Cris: Em suas fragrâncias, existem momentos no desenvolvimento olfativo que o perturbador, o burlesco, o trágico, o feio reinam em detrimento ao belo e outras características consideradas positivas. Por isso existem pessoas que têm dificuldades para avaliar suas fragrâncias, pois as mesmas exigem maturidade e sensibilidade olfativas e estéticas, muito além do convencional. No meu senso crítico, penso que chegar ao belo, principalmente na perfumaria de nicho, exige momentos de feiúra e/ou muitas vezes o belo pode estar disfarçado em uma casca considerada feia pela sociedade. Estas são maneiras de ser diferente a fragrâncias de consumo massivo. Pensando neste ângulo, qual dos seus perfumes, melhor e propositalmente, esconde o belo atrás de notas olfativas aparentemente difíceis de lidar?
Serge Lutens: Não existem belos textos ou poesias de Charles Baudelaire ou de Jean Genet sem crueldade. É um dos elementos absolutos do impulso de um texto. É a concordância entre duas palavras justas que pode resultar numa frase. Não devemos confundir o belo e o bonito. As receitas mais saborosas não são as mais açucaradas, mas as mais surpreendentes de complexidade. Não gosto de me referir ao passado, mas acho que o "Musc Koublaï Khan" é uma ilustração neste caso. Esse perfume tão pele, tão animal com uma nota de saída muito forte, acaba se pousando em seguida sobre a pele com uma suavidade absoluta, confortavelmente, em nota de fundo.
Cris: A partir da década de 80, a perfumaria mundial deparou-se com o seu trabalho perfumístico criativo e desbravador frente à Shiseido. Perfumes como Nombre Noir (1981) e Feminité du Bois (1992) eram vanguarda para um mercado que nunca havia visto criações que abriam caminho para o conceito de perfume como objeto de arte. Ao criá-los, quais foram os estranhamentos que queria causar no público, além do negro em Nombre Noir e do cedro em Feminité du Bois, normalmente uma nota olfativa masculina?
Serge Lutens: Eu nunca penso no público: eu sou o público! Algumas pessoas hão de apreciar, outras não… O meu trabalho é uma obra amorosa e não uma obra oportunista! No "Féminité du Bois", o que contou mais do que a utilização do cedro foi o fato de colocá-lo no centro do perfume (mais do que 60%). Um verdadeiro desequilíbrio! Afinal, a aberração é a única coisa que me faz sentir bem. "Feminité du Bois" deveria ter tido um percurso tão importante quanto o Chanel N.5. Ele é um mito, sobretudo para os profissionais do ramo e os amadores de perfumes.
Cris: Pretende um dia relançar o legendário Nombre Noir? Este pode ser o sonho de todo Lutensiano...
Serge Lutens: Pessoalmente, não tenho esse desejo, pois fora de sua "embalagem", esse perfume perde o sentido. Era um discurso. Ao oposto do "Feminité du Bois", esse perfume branco só tinha valor no escuro. Era a marca registrada dele! Fora do contexto original, esse perfume não é mais nada, sendo que o "Feminité du Bois" representa até hoje uma revolução em perfumaria.
Cris: Podemos dizer que Feminité du Bois é um perfume andrógino refinado. Ao cheirá-lo, há a impressão de quebra da divisão de perfumes em femininos e masculinos (mesmo sendo mais feminino), quebra que é muito valorizada pela perfumaria de nicho. O perfume parece não ter sexo. O andrógino se limita a esta quebra de divisão entre os gêneros e o aroma diferente das versões unissex de mercado ou pode-se dizer que, conceitualmente, o perfume teve um engajamento social a favor da liberdade sexual tão comum nos anos 90, década de lançamento do perfume?
Serge Lutens: Acho que os produtos (maquiagem, perfumes…) da moda acompanham uma sociedade que pensa em evoluir ou regredir. Tratei o perfume como tudo que eu pensava ser importante, como um dos eventuais elementos dos meus desacordos, para poder harmonizá-lo. O perfume, assim como a maquiagem, deve ser sentido mais profundamente, como um elemento que possa sustentar nossas opções e, portanto, nos transportar. Pessoalmente, eu não entregaria a nenhum perfume a possibilidade de definir o meu sexo.
Cris: Praticamente, desde o início da sua perfumaria, já se passaram mais de 20 anos, o que é um tempo de evolução razoável. Considerando onde estávamos na perfumaria e onde estamos agora, qual foi a maior contribuição de Serge Lutens para os consumidores de perfumes, principalmente considerando que seus perfumes são objeto de luxo e, portanto, inacessíveis para grande parte do mercado?
Serge Lutens: O luxo mata tudo: o projeto, o coração e a pulsão. Vou ao acaso, me harmonizo com as minhas discordâncias e por isso mesmo me dou bem com todos que se identificam com isso.
Cris: É comum analisar em seu trabalho o diálogo com vários campos do conhecimento como as artes visuais, a literatura, a mitologia, entre outros, além de ser evidente o fato de ser um estudioso das artes, um poeta dos perfumes. Um exemplo disso é o recém lançamento Serge Noire, que retoma o mito grego da Fênix e o qual levou 10 anos para criar. Sendo um autodidata, você tem algum método de estudo ao criar perfumes? Como se organiza para ter um trabalho tão criativo e ser, belamente, um homem das artes, versátil em tantas áreas?
Serge Lutens: A arte é uma conseqüência. Não é um objetivo. Eu não posso fazer arte. Se for arte, melhor ainda! Em todas as áreas eu quis encontrar a melhor resposta para mim.
Cris: A maioria de suas criações de perfumes são parte de um belo e leal trabalho em dupla com um perfumista. Na prática, como é o trabalho conjunto de um artista pensar o conceito e outro artista traduzi-lo tecnicamente?
Serge Lutens: Christopher e eu trabalhamos respeitando o papel de cada um de sessão em sessão. É um artesanato. As palavras, os ambientes são muito importantes. Há muitos "nãos", muitas tentativas, muitas experiências com essências que eu sugiro a ele e que, às vezes, são espantosas. É preciso experimentar. O perfume é orgânico e estamos pisando num terreno instável, lidando com o impalpável. Está tudo vivo e pode dar certo ou, pelo contrário, muito errado. No entanto mantenho a cabeça erguida: a criação é obsessiva. "Eu tenho o desgosto muito afirmado".
Cris: Diga-nos como se equilibram os méritos de elaboração de seus perfumes e como se distribui o trabalho em equipe? Conte-nos como isto se passa.
Serge Lutens: Para isso sou obrigado a dar um exemplo: um costureiro cria um esboço. Esse esboço se fará um modelo que será retrabalhado pelo costureiro. Ele enfiará nele seus alfinetes, suas tesouras, modificará o comprimento, o decote, a montagem, a escolha do tecido. Pouco a pouco se chega à apresentação inaugural do modelo e, neste caso, trata-se de uma apresentação a minhas cruéis narinas! Fora isso, todos têm o mesmo valor, minha equipe e eu, visto que seria inimaginável estar a serviço de algo que não fosse o perfume ou o espírito deste perfume, que é o que faço.
Cris: Embora Paris seja o berço da perfumaria e também sede do Les Salons du Palais Royal Shiseido, existe muito mais de Marrocos em Serge Lutens. Marrocos é sua história, sua escolha, sua inspiração, sua emoção e as influências do Oriente estão em grande parte dos seus perfumes. Qual é a essência do Marrocos que podemos considerar metáfora para definir Serge Lutens e os perfumes Serge Lutens.
Serge Lutens: O Marrocos é a origem do meu gosto por perfumes. De fato, antes disso eu não os apreciava tanto assim. O meu gosto depois disso se tornou visível e tangível como a madeira, o âmbar e eu precisava destes sinais. Foi lá que eu os encontrei e, se eu tivesse que escolher uma só essência, eu deveria escolher o Marrocos!
Cris: Na sua entrevista para a Lumiere.com você comenta da sua visão das mulheres na fotografia como "musas de um pintor" e diz " Once the image is finished, this woman no longer exists for me" (Uma vez que a imagem é finalizada, esta mulher não existe mais para mim". Aproveitando este tema, existem perfumes extremamente femininos em seu portfólio como "Un Lys" e "Sa Majesté la Rosè". O primeiro tem a delicadeza e sensualidade do Lírio e pode ser interpretado como meio humano, meio divinal como se fosse um perfume onírico criado para deusas eternas. O segundo exalta a formosura e delicadeza da Rosa e personifica em uma fragrância o mito grego da Ninfa Chloris. Considerando este feminino das fragrâncias, podemos dizer que na sua perfumaria "Once a perfume is finished, this woman exists for you forever" (Uma vez o perfume é finalizado, esta mulher existe para sempre"), ou seja, na perfumaria de Lutens as imagens femininas se eternalizam como os mitos e deusas?
Serge Lutens: A questão da feminilidade de um perfume não é para mim um problema que venha de fora. Eu diria e, espero que você adivinhe que o feminino tenha sido absorvido. Ele está em mim, o que se subentende que eu tenha captado a feminilidade e que ela seja um espelho. Ela me dá a resposta, ela deve sair de dentro de mim. Ela não me inspira, eu é que a expiro. Senão ela me mataria!
Cris: Considerando a perfumaria mundial (seja ela de nicho ou de consumo massivo), qual o perfume que mais se aproximou do conceito de obra prima (outra marca que não seja Shiseido ou Serge Lutens perfumes) sob seu ponto de vista? Por quê?
Serge Lutens: “Serge Noire" pelo qual eu sinto um afeto muito especial e que foi extremamente "peaufiné" (refinado). Faço questão do verbo "peaufiner" porque ele contém a palavra pele ("peau") e a palavra fim (“fin"). É um éter absoluto. Por outro lado, eu não poderia jamais utilizar o termo de obra-prima.
Cris: Também sou uma amante do make-up e alguns anos atrás eu li uma frase de Shu Uemura, em minha opinião, um dos melhores maquiadores mundiais, cuja marca eu gosto muito. Ele diz: “Makeup is one of the best ways to reveal a person's essence. An artistic color palette enhances one's individual beauty and allows for unique makeup expressions' (Shu Uemura)". Para a maioria das pessoas, o perfume também é uma forma de revelar a essência de cada um, assim como o make-up. O perfume pode revelar várias expressões do "eu" perfumado, como o romântico, o sensual e vários estados de espírito. Este é um ponto de vista. Por outro lado, parece-me um paradoxo pensar que ambos podem revelar a essência de uma pessoa, considerando que também são elementos de mascaramento, de adorno superficial e amplamente usados como objetos de desejo supérfluos, de consumo para atender uma exigência estética e/ou glamorosa. A essência se perde, na maioria dos casos. Este é outro ponto de vista.
O amor por make-up e perfumes são muito próximos a quem contempla a beleza de ambas as artes. E você é um mestre do make-up e da perfumaria. Considerando tudo o que foi dito e a sua frase genial “Nous sommes tous fragiles. Le parfum est une arme contre notre fragilité, notre timidité” (fonte: Plurielles.fr), você acha que o perfume assim como o make-up são usados como máscaras sociais? A essência nunca será revelada com um perfume?
Serge Lutens: As maquiagens e o perfume servem ou não como afirmações, tornando-se máscaras ou desmascaramentos. Podem tanto esconder quanto revelar. Um perfume pode também dar um sentido a uma escolha ou vice-versa. É a expressão pessoal do que somos ou de quem imaginamos ser neste instante preciso.
Cris: Para finalizar, Monsieur Lutens, qual é a obra de arte que define Serge Lutens e sua perfumaria e porque ela traduz sua arte em perfumes. Pode ser no campo da pintura, escultura, literatura, fotografia...Conte-nos um pouco de Serge Lutens e seu sinônimo na Arte.
Serge Lutens: Não possuo sinônimos e sim pulsões que me guiam e com as quais me identifico. Pode ser um texto de Charles Baudelaire, Jean Genet, uma escultura de Michelangelo, mas o que melhor me representa ou ao qual eu aspiro de vez em quando ou a ruptura que ele impõe é o quadro "As madames de Avignon" de Pablo Picasso.
Cris: Monsieur Lutens. Foi um prazer entrevistá-lo. Hoje me sinto um ser da terra e do céu. Uma flor onírica em um paraíso, humana e deusa, entrevistá-lo fez-me tirar os pés do chão e realizar um sonho perfumado... escolhi um Lys para a entrevista, flor delicada e espontânea, que floresce próximo a deuses da perfumaria como você... Un Lys, uma das minhas fragrâncias preferidas. Merci! Gostaria de agradecer à minha amiga Alix Cooper que me ajudou com a tradução do francês. Alix Cooper, brasileira do Rio de Janeiro, mora em Genebra há séculos. Sempre que pode toma o TGV para os Salons du Palais Royal Shiseido, onde ela se entrega a Ambre Sultan, Tubéreuse Criminelle, Encens et Lavande. Volta para casa majestosamente perfumada. Neste outono nascente, ela está usando Serge Noire noite e dia, depois de um verão de Fleurs de Citronnier. Alix é de essências orientais, se bem que quando quer “chypra” e “jasmina” deliciosamente.
English Version interview
Monsieur Lutens, firstly I would like to thank you and Les Salons du Palais Royal Shiseido team for this special interview with the poet of the perfumes. Personally, I am a loyal admirer of your work and this is a unique moment, wonderfully unforgettable in my path as a perfume lover. I’m thankful for your creations that oriented me to develop an artistic eye on perfumery, a better olfactory conscience and the search for a fragrance which joins art, good-taste and exclusivity and, above all, be aligned to my self. In the name of Brazil, I take the opportunity to tell you that there are loyal fans, passionate for your work (and Christopher Sheldrake) in my country. Being here in this interview with you is a way to represent them as well as celebrate the moment with other Serge Lutens perfumery lovers from all over the world. Welcome, Monsieur Lutens.
Cris: You always have a strong relationship with the concept of "beauty," with what is esthetically graceful. Your professional path shows clearly the beauty of the Photograph, the Make-up and Hairstyle, the Fashion, the Perfumery and diverse dialogues with Art. Why have you decided to dedicate yourself to the search for beauty?
Serge Lutens: Beauty for me may or may not be beauty for you. Beauty is in the eye of the beholder. We can recognize ourselves through it as well as through all those who share with us these affinities. The notion of choice does not exist. In this case, it is born from one undeterminable obligation. We can also be ourselves: what would be strong and remarkable without being beautiful? But can beauty determine itself? It is the light that gives us the answer.
Cris: What is the beauty for Serge Lutens and what is the point of intersection between this concept and your perfumery?
Serge Lutens: One more time, beauty can’t be determined as simply one thing and, nevertheless, it is linear. It must stimulate and give me an answer which will generate a question. I would say that beauty – if I can define it – would be the instant when we raise our heads. It can destroy and re-build. It is neither stable nor motionless. Perfumery is one of the ways of expression which would be visual, literary or olfactory. In this case, beauty takes part in the same principle, but I would be unable to determine it in an absolute manner. Beauty is vivacious, it escapes from us the exact instant we think we can define it.
Cris: In your fragrances, there are moments of the olfactory development that such characters as the disturbed, the burlesque, the tragic, the ugly reign in place of the graceful and other characteristics perceived as positive. Because of it there are people that have some difficulties to evaluate your fragrances as they demand some maturity and olfactory and aesthetical sensibility over conventionality. In my critical sense, I think that to reach the gracefulness, mainly in the niche perfumery genre, ugly moments may be necessary and/or many times the gracefulness can be disguised. Mass-market fragrances may be called "mild-mannered". So which of your perfumes, best and purposely, hide the gracefulness behind apparently olfactory notes hard to deal with?
Serge Lutens: There are not good texts or poetries of Charles Baudelaire or of Jean Genet without cruelty. It is one of the absolute elements of a text impulse. It is the harmony between two right words that can result in a phrase. We cannot confound what is graceful and what is beautiful. The most savory recipes are not the most sugary, but are the most surprising in complexity. I don’t like to refer to the past but I think "Musc Koublaï Khan” is one illustration of this case. This perfume is skin, animalistic with a top note that is very strong and lies down on skin with an absolute tenderness, comfortably as a base note.
Cris: From the 80's on, the world of perfumery came alive with your collaboration a la Shiseido. Perfumes such as Nombre Noir (1981) and Feminité du Bois (1992) were avant-garde to a market that has never seen creations that opened ways to the perfume concept as art piece. When they were created, what did you think reactions would be?
Serge Lutens: I never think of the audience: I am my own audience! Some people will love my creations, others not… My work is an amorous work, not an opportunistic work. In "Féminité du Bois", what was more significant than the actual use of cedar was the fact of including it in the centre of the perfume (more than 60%). A true unbalance! After all, the aberration is the only thing that makes me feel well. “Feminité du Bois" should have had a course as important as Chanel N.5. It is a myth, especially for the field professionals and perfume amateurs.
Cris: Do you have the intention of releasing again the legendary Nombre Noir? That may be the dream of any Lutensian...
Serge Lutens: Personally, I don’t wish it because out of its "packaging", the perfume loses its sense. It was a speech. Against “Feminité du Bois", this white perfume only was valuable in the dark. It was its trademark! Out of this original context, this perfume is not more anything and what “Feminité du Bois" represents until now is a revolution in the perfumery.
Cris: We can say that Feminité du Bois is a refined androgynous perfume. When we smell it, there is an impression of rupture in the perfume division per genre (even the fragrance is more female). This rupture is very appraised by the niche perfumery. The perfume seems not to be a sex. Is the androgynous concept limited to the end of the division between female and male perfumes with different aromas in comparison to the unisex market versions or can we say that the perfume had a social engagement for the sexual freedom in the 90’s, a major decade for perfume releases?
Serge Lutens: I think that the products (make-up, perfumes…), the fashion, track a society that thinks in developing or retrograding. I deal with the perfume as everything that I thought of as important, as one of the occasional elements of my disagreements, in order to harmonize it. The perfume, as well as the make-up must be felt deeper, as one element that can sustain our options and, therefore, transport us. Personally, I never could leave to a perfume the possibility to determine my sex.
Cris: Since the beginning of your perfumery, practically, 20 years went on, what represents a reasonable time of evolution is also rather important. Considering where we were in terms of perfumery and where we are now, which was the greatest contribution of Serge Lutens to the consumers of perfumes, mainly considering that your perfumes are luxurious goods and, therefore, inaccessible for the majority of the market?
Serge Lutens: The luxury kills everything: the project, the heart and the pulse. I went to the venture, I harmonize myself with my disaccords and for that very reason I deal well with those who are identified with this.
Cris: It is natural to analyze in your work the dialogue with various fields of knowledge: visual arts, literature, mythology and others, moreover it is evident the fact you are an art learner, a poet of the perfumes. One example of this is the recently released Serge Noire, the fragrance that takes the Greek myth of the Phoenix and which took 10 years to be created. Being an autodidact, do you have some method of study to create perfumes? How do you organize yourself to have a work so creative and, beautifully, a man of the arts so versatile in various areas?
Serge Lutens: Art is a consequence. It is not a goal. I don’t want to make Art. If it is Art, better! In all the fields, I wanted to find the best answer to me.
Cris: The majority of your perfume creations are a result of the beautiful and loyal work with a chemist. How does it work in practical ways, where there is an artist who creates the concept and another artist who translates it technically?
Serge Lutens: Christopher and I work, respecting the roles of each one, session by session. It is handicraft. The words, the environments are very important. There are many “wrongs”, many trials, and many experiences with essences that I suggest to him and which, sometimes, are astonishing. It is necessary to experiment. The perfume is organic and we are walking over an unstable ground, dealing with the impalpable one. All is alive and may work well or, in the opposite, very wrong. Nevertheless, I don’t lower my head: creation is obsessive. “I know what I like and dislike”.
Cris: Tell us a little about your creative process.
Serge Lutens: For that, I am obliged to give you an example: a seamster creates a sketch. This sketch will become a model which will be re-worked by the seamster, who will apply his pins to it, his scissors, will modify the length, the neckline, the choice of the fabric. Little by little, it will come the first presentation of the model and, in fact, it is about a presentation to my cruel nostril!s Beyond that, all have the same value, my team and I, since it would be unimaginable to be in service of something that would not be the perfume or the spirit of this perfume, that is what I do.
Cris: Although Paris is the cradle of the perfumery as well as the location of Salons du Palais Royal Shiseido, there is much more of Morocco in Serge Lutens. Morocco is your history, your choice, your inspiration, your emotion and the influences of the East are in most of your perfumes. What is the essence of Morocco which we can consider as the metaphor to define Serge Lutens and Serge Lutens' perfumes?
Serge Lutens: Morocco is the origin of my taste for perfumes. Indeed, before that I did not appreciate them so much as now. After that, my taste became visible and tactile as the wood, the amber and I needed these signs. There I found them and, if I had to choose only one essence, I should choose Morocco!
Cris: In your interview for Lumiere.com you commented your vision about the women in the photograph as "muses of a painter" and said “Once the image is finished, this woman no longer exists for me". About this theme, there are perfumes which are extremely feminine in your range of fragrances such as "Un Lys" and "Sa Majesté la Rosè". The first has the delicacy and the sensuality of the Lily and can be interpreted as half-human, half-divine as it was an ironic fragrance created for eternal goddesses. The second exalts the beauty and the delicacy of the rose and personifies in one fragrance the Greek Myth of Chloris Nymph. Considering this femininity in the fragrances, can we say that in your perfumery "Once a perfume is finished, this woman exists for you forever", I mean, in the Lutens’ perfumery the feminine images become eternal such as myths and goddesses?
Serge Lutens: The question of the feminineness in a perfume is not, to me, a problem that comes from outside. I would say and, expect that you guess that the feminine had been absorbed. It is in me, what is supposed that I had captured the feminineness and that it be a mirror. It gives an answer; it must come from inside of me. It does not inspire me, I inspire it. Otherwise it would kill me!
Cris: Taking into consideration the entire perfumery (be niche or be mass-market) what is the perfume that is closer to the concept of masterpiece (other brands aside from Shiseido or Serge Lutens perfumes) under your point of view? Why?
Serge Lutens: “Serge Noire" for which I feel a very special affection and was extremely "peaufiné" (refined). I make question of the verb "peaufiner" because it contains the word skin ("peau") and the word end (“fin"). It is absolute ether. On the other hand, I could not ever use the term masterpiece.
Cris: I am also a lover of make-up and some years ago I read a phrase of Shu Uemura, in my opinion one of the best global make-up artists, whose brand I like very much. He said: “Makeup is one of the best ways to reveal a person's essence. An artistic color palette enhances one's individual beauty and allows for unique makeup expressions' (Shu Uemura)". For most of people, the perfume is also a way of revealing the essence of each one, such as the make-up. The perfume can reveal various expressions of the “fragrant self”, as the romantic one, the sensual one and many states of spirits. This is one point of view. On the other hand, it seems to me a paradox to think that both can reveal the essence of a person, considering that they are also elements of dissimulation, of superficial adornment and, in an amplified way, used as superfluous objects of desire, consumer objects to meet an esthetic and/or glamorous demand. The essence loses itself, in most of the cases. This is another point of view. The love for make-up and perfumes are very close to those who admire the beauty of both. And you are the master of the make-up and of the perfumery. Taking into consideration all that was said and your genial quote: “Nous sommes tous fragiles. Le parfum est une arme contre notre fragilité, notre timidité” (source: Plurielles.fr), do you think that perfume is used as social masks? Or will a person’s essence be revealed with a perfume?
Serge Lutens: Make-up and perfume can hide as much as reveal. A perfume can also give a meaning to a choice or the opposite. It is the personal expression of what we are or what we imagine to be in the instant.
Cris: To finalize, Monsieur Lutens, what is the art piece that defines Serge Lutens and his perfumery and why it translates your art in perfumes. It may be in the field of the painting, the literature, the photograph… Tell us a little about Serge Lutens and his synonym in the Art.
Serge Lutens: I don’t owe synonyms, I owe impulses that guide me and which I identify with. It may be a text of Charles Baudelaire, Jean Genet, one sculpture of Michelangelo, but the best representation of what I aspire for now and then, or the rupture that it imposes, is the painting "« Les demoiselles d’Avignon » of Pablo Picasso.
Cris: Monsieur Lutens, It was a pleasure to interview you. Today I feel myself in the earth and the sky. A flower in paradise, human, and goddess. Interviewing you lifts my feet from the floor and makes a dream come true. I selected Un Lys for this interview, delicate and spontaneous flower which blooms closer to the gods of the perfumery such as you. Merci.
I would like to thank my friend Alix Cooper who helped me with the French. Alix Cooper, Brazilian from Rio de Janeiro, lives in Genebra. When she can, she takes the TGV to Les Salons du Palais Royal Shiseido where she surrenders herself to Ambre Sultan, Tubéreuse Criminelle, Encens et Lavande. This Autumn, she is wearing Serge Noire, night and day, after a Summer of Fleurs de Citronnier. Alix loves oriental essences, however when she wants to, she is chypré and jasminé avec délice.
Cristiane Gonçalves, conhecida como Cris Rosa Negra é Lutensiana fanática e publicou este artigo originalmente na Perfumecritic.com, revista para a qual é scent critic colaboradora, artigo com publicação dupla e simultânea em seu blog Perfume da Rosa Negra. Agradecimentos especiais para a equipe Le Salons du Palais Royal Shiseido.
Cristiane Gonçalves, aka Cris Rosa Negra is a fanatic Serge Lutens fragrance lover and published this article originally at Perfumecritic.com, magazine she is scent critic for; article with double and simultaneous publication in her Blog Perfume da Rosa Negra. Special thanks to Les Salons du Palais Royal Shiseido.
5 comentários:
Poderia dizer que estou bege! Mas nem isso posso afirmar. Estou transparente, sem cor alguma, embasbacado.... isso é surreal, onírico. Parabéns!
Parabéns amiga, pela excelencia nas perguntas(muito bem elaboradas e arebatadoras), a entrevista ficou sublime! Mais um sonho realizado!
Tb achei sensacional como vc conseguiu entrar num clima serge tão exato, parece que estamos num dos salões do Palais Royal sob aquela abóboda azul e estrelada... beijinho, aliki
Cris,
Muito obrigado, ficou excelente a entrevista, não há mais o que fazer senão ter agradecer por este momento único, mais uma vez obrigado.
Um momento único para os brasileiros-fãs da perfumaria de qualidade. Parabéns, Rosa Negra, por não desistires de teu sonho. Prossiga em vôos altos, sem se cansar, sem pestanejar. Um beijo.
Dâmaris Oliveira Batista SIlva.
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